Décodage – exposition «0pportunismes»

OR NORME, ART & CULTURE, Strasbourg / Décembre 2016

 

von Véronique Leblanc

…. L’opportunisme c’est peut-être aussi l’occasion de se réveiller, de dire qu’on est contre un état de fait, de s’interroger. Et interroger le monde, surprendre, prendre des risques c’est le propre de l’art.

Ainsi en va-t-il, par exemple, de l’œuvre de Rona Kobel qui sera exposée chez Aedaen : un vautour de porcelaine qui se réfère à la photographie du Sud Africain Kevin Carter, « la fillette et le vautour », prix Pulitzer 1994.
Prise un an plus tôt, lors de la famine au Soudan, elle était terrible et montrait une enfant famélique, guettée par un vautour qui semblait attendre sa mort pour fondre sur elle. Accusé d’un « opportunisme » plus révoltant que celui du volatile charognard, Kevin Carter s’était suicidé quelques mois après avoir reçu son prix.
Opportuniste à son tour, Rona Kobel s’empare de ces réalités successives pour interpeller le public dans une mise en abyme qui semble sans fin.

A nous public, de ne pas détourner les yeux, de prendre part à ces questionnements qui nous parle de nous. A nous d’accepter de dialoguer avec l’art contemporain car, comme le souligne
Andreas, « nous, artistes, on n’arrive pas à vous parler parce vous ne venez pas, alors même qu’on souhaite vous toucher sans vous faire consommer »…….

www.mediapresse-strasbourg.fr/ornorme23

DNA 10.12.2016

von Serge Hartmann

…… Piloté par les commissaires d’exposition Andreas Hagenbach et Anne-Sophie Miclo, l’accrochage n’offre pas oujours une lisibilité extraordinaire du sujet. Dont on perçoit qu’il est lui-même le résultat d’une forme d’opportunisme: constituer à partir des dossiers retenus par le jury un ensemble qui soit un tant soit peu cohérent.
On ne boudera pas pour autant son plaisir. Il y a de l’humour dans ce parcours : la toile qui jaillit du cadre dans Servus d’Anas Kahal ou l’hameçon géant de Daniela Caderas qui cohabite avec des perles brillantes et des tissus chatoyants.
La gravité : la mémoire blessée du camp d’internement de Drancy que convoque Françoise Caraco, le refus de la politique de terreur dont sont victimes nos sociétés occidentales que dénonce Kathrin Borer en lettres de néon, ou l’étonnante sculpture en porcelaine de Rona Kobel qui réunit en un seul objet le souvenir de l’atroce photo de Kevin Carter montrant un enfant famélique que convoite déjà un vautour, et la déesse de l’Ancienne Égypte, Nechbet, à laquelle les voyageurs du désert confiaient leur destin.
Et puis, il y a aussi de la poésie pure. Presque onirique. À l’image du pauvre manège qui tourne, quelque part en Inde, dans une lumière crépusculaire, et que fixe la caméra de Nelly Massera.

DNA reflets, 10.12.2016

FB, 08.12.2016

von Jean Luc Fournier

Cette photo a été prise en 1993 au Sud Soudan près du village d’Ayod par le photographe sud-africain Kevin Carter. Elle montre une fillette soudanaise proche de mourir de faim à quelques centaines de mètres d’un centre de soin d’une ONG. Le vautour est là, qui attend sa mort… Le New York Times publia le cliché quelques mois plus tard, suivi par nombre de grands journaux à travers le monde, puis par les réseaux sociaux sur internet. Pour cette photo, le photographe reçut le prix Pulitzer en avril 1994, mais presque immédiatement, une pluie de critiques s’abattit sur Kevin Carter pour avoir pris ce cliché, certains parlant même de mise en scène. En juillet 1994 le photographe mit fin à ses jours en laissant une lettre d’adieu dans laquelle il évoquait des souvenirs de „guerres, de famines, d’enfants mourants“, et la force avec laquelle ils le „hantaient.“
Dans la vitrine de Aedaen Place rue des Aveugles, on peut voir cette œuvre de l’allemande Rona Kobel. Ce vautour en porcelaine attire irrésistiblement les yeux du passant qui ne peut décoder immédiatement sa vraie signification. Il faut ce rappel de cette photo tragique, il faut réaliser alors que le vautour et la position de la petite fille prostrée ne font au final plus qu’une seule entité, l’œuvre exprimant alors à la fois toute la détresse d’une telle situation mais aussi sa violence, la violence de ce que nous acceptons que soit le monde dans lequel nous vivons…
A voir „Regionale 17“, la manifestation de l’art contemporain de la région tri-rhénane, organisée par Accélérateur de Particules chez Aedaen Place,1 rue des Aveugles à Strasbourg. Jusqu’au 8 janvier.

www.facebook.com/jeanluc.fournier

rue89, 01.12.2016

von Catherine Merckling

……. L’étrange statuette de Rona Kobel fusionne l’enfant africain affamé et le vautour de la célèbre photo de Kevin Carter. Cible de nombreuses accusations de non-assistance, le photographe s’est suicidé trois mois après le cliché. Rona Kobel transforme son image en statuette de la déesse égyptienne Nechbet, protectrice des voyageurs du désert, comme pour essayer de soulager notre impuissance à aider. …………

 www.rue89strasbourg.com